Béatrice Sokoloff

 

 

Transports urbains

Photographier a toujours été pour moi un moyen de me situer dans l’espace et dans le monde. À ce titre, mes photos constituent des « autoportraits ». C’est le point de vue qui définit le regard, mais aussi l’imaginaire et l’inconscient. Dans ce sens, ma photo opère ce que Breton appelait une résolution entre le rêve et la réalité. Photographier, pour moi, c’est faire apparaître à partir du monde ambiant une réalité autre, « surréelle », sans qu’aucune mise en scène ou manipulation soit nécessaire, hormis le cadrage et la mise au point de l’image.

La série « Transports urbains » évoque le double sens du mot transport. Au sens propre, moyen de faire parvenir des choses ou des personnes en un autre lieu, le transport est ici pris dans son sens figuré, celui d’une vive émotion qui emporte le sujet, en quelque sorte hors de la réalité. La surprise et l’étonnement participent de la gamme des émotions qui transportent celui qui voit apparaître ces images « autres » du monde qu’il regarde, images qui le meuvent à la pointe de l’instant, dans un espace où la perception rejoint des représentations inconscientes.